mardi 23 octobre 2012

Nicolas Mayer-Rossignol : « Nous, Haut-Normands, sommes tous des Pétroplus »



Intervention de Nicolas Mayer-Rossignol (Vice-président de la région Haute-Normandie), au Conseil Régional le lundi 22 octobre



Monsieur le Président, Chers collègues,
La séance d’aujourd’hui s’ouvre dans un climat de gravité, qui invite à la responsabilité.
Mardi dernier, le Tribunal de commerce de Rouen prononçait la liquidation de la raffinerie Pétroplus de Petit-Couronne. C’est un coup de massue, pour les salariés et leurs familles, pour les sous-traitants qui vivent de l’activité du site, pour l’emploi dans la région.
La première fois que l’intersyndicale Pétroplus alertait les pouvoirs publics, c’était ici, au siège de la Région, il y a un an. Aujourd’hui, c’est toute la Haute-Normandie qui est solidaire, qui salue le combat exemplaire des 550 salariés et de leurs représentants. Pétroplus ce n’est pas seulement Petit-Couronne ; ce n’est pas seulement la CREA, ce n’est pas seulement la Seine-Maritime. C’est un enjeu régional et national, et c’est la raison pour laquelle nous, Haut-Normands, sommes tous des Pétroplus.
Jusqu’au 5 novembre, date fixée par le Tribunal de commerce, et au-delà, le Gouvernement, avec les collectivités territoriales et les élus locaux, va tout faire pour trouver une issue favorable, avec comme uniques préoccupations la protection des salariés, la sauvegarde des emplois et des savoir-faire, la défense d’un site disposant de nombreux atouts. Elus socialistes en responsabilités, nous nous battons sans relâche pour l’avenir industriel du site, parce que nous croyons à cet avenir. C’est le message qu’a adressé le Président de la République aux salariés de Pétroplus, en recevant l’intersyndicale à l’Elysée vendredi dernier. C’est la marque de la considération qu’il porte aux travailleurs et de son engagement pour l’industrie française.
Climat de gravité disais-je, parce que Pétroplus est un cas, terrible, emblématique, mais qui n’est malheureusement pas unique. La présence dans cet hémicycle des représentants syndicaux de l’AFPA (association pour la formation professionnelle des adultes) et de la gare de triage de Sotteville en atteste. Il faudrait aussi parler des salariés de Legrand à Montville, dont la fermeture est prévue cette année, de ceux de Malaunay dont nous savons que leur site est menacé. Il faudrait évoquer les salariés de CINRAM à Louviers, qui se battent toujours pour obtenir des indemnités de licenciement décentes. Il faudrait évoquer Sanofi, Alcatel, et d’autres encore.
La Région est touchée. La France est inquiète. Nous savons que le chômage continuera, probablement, d’augmenter dans les prochains mois. J’entends ceux qui, à droite, voudraient faire croire que cette situation est due aux 5 mois de gouvernement de la gauche, oubliant qu’eux-mêmes étaient aux responsabilités pendant 10 ans, c’est-à-dire 24 fois plus ! Je les invite, je nous invite à l’humilité. La météo économique et sociale n’est guère propice aux effets de manche, aux accommodantes postures du ‘yakafokon’. Méfions-nous, défions-nous collectivement de ces jugements à l’emporte-pièce, de ces sentences définitives, de ce ton d’assurance qu’il est si facile de prendre et si dangereux d’écouter.
Depuis son élection en 2010, notre majorité régionale n’a que trois objectifs : l’emploi, l’emploi, l’emploi. La Région, collectivité en charge du développement économique, est mobilisée à travers le soutien aux projets d’investissements, à la recherche et à l’innovation ; à travers l’appui direct à l’activité, grâce à la commande publique ; à travers l’accompagnement des entrepreneurs à la création, au développement et à la transmission d’entreprises ; à travers la mise en place de formations d’excellence pour tous les publics ; à travers le développement d’infrastructures performantes sur l’ensemble du territoire.
Avec une priorité stratégique : miser fort et vite sur la filière des énergies, qui est une des clés de notre avenir.
Plusieurs projets potentiellement créateurs de milliers d’emplois sont en passe de voir le jour en Haute-Normandie, dans les métiers de l’éolien offshore notamment. C’est une nouvelle filière industrielle, unique en France, que nous contribuons à créer en Haute-Normandie. Vous avez pu constater lors de votre récent déplacement en Allemagne, Monsieur le Président, les bénéfices qu’un territoire pouvait tirer d’un projet de grande ampleur tel que celui qui consiste à concevoir, assembler, mettre en service et entretenir des éoliennes en mer. Le développement de cette filière d’avenir dans notre région permettra de créer des milliers d’emplois pérennes et non délocalisables. Dans ce domaine, la Région Haute-Normandie joue un rôle décisif : elle structure le développement de la filière, elle accompagne financièrement les entreprises, les laboratoires et les projets de recherche, les établissements d’enseignements supérieur qui sont impliqués. Elle travaille à l’adaptation de l’appareil de formation aux emplois à pourvoir dans ce secteur.
La conversion sociale-écologique de l’économie régionale passe également par le développement d’un vaste programme en faveur de l’électromobilité. L’Appel à Projets Energies mis en œuvre par la Région, associé au plan CREA’VENIR initié par la Communauté d’Agglomération Rouen Elbeuf Austreberthe ouvrent de nouvelles perspectives et font de notre territoire l’un des pionniers dans le domaine des véhicules du futur. Les pistes à l’étude, avec l’appui de l’Etat à travers le plan de soutien national à la filière automobile, sont l’installation de bornes de recharges rapides, en milieu urbain mais aussi sur l’A13 dans le cadre du développement de l’axe Seine, des aides aux particuliers pour acquérir des équipements, le déploiement de flottes électriques au sein des institutions publiques et des entreprises… et plus largement l’appui à la filière automobile que la Région accompagne depuis de nombreuses années, à Cléon, Sandouville, Dieppe, Grand-Couronne, Gaillon et ailleurs.
Le projet d’électromobilité que je viens d’évoquer s’inscrit pleinement dans le cadre de l’Appel à projets Energies (l’APE) lancé en janvier 2011 à l’initiative de la Région et en particulier de Guillaume Bachelay, Vice-Président pour l’Economie, dont je veux saluer ici l’action en matière économique. L’APE, cet outil au service de l’attractivité du territoire a attiré en région de nouvelles entreprises et de nombreuses compétences : parmi les projets proposés dans la 1ère vague au titre du « soutien aux investissements des entreprises dans les énergies de demain », nous avons pu dénombrer 30% de projets exogènes. La 2e vague de cet Appel à Projets Energies, lancée en avril dernier et axée sur la recherche, l’innovation et les entreprises, rencontre elle aussi un large succès. L’Appel à Projets Energies a conforté l’identité de notre région, pionnière et leader en matière d’énergies.
Outre les filières -énergies, automobile, mais aussi chimie, aéronautique, bois, agroalimentaire…- et clusters –glassvalley, Dieppe Meca Energies… -, nous avons la chance de compter en Haute-Normandie trois pôles de compétitivité –MOV’EO, Nov@log, Cosmetic Valley-, gisements d’innovation et vitrines de nos savoir-faire, dont deux d’entre eux figurent parmi les mieux classés des pôles de compétitivité en France. Nous devons continuer de nous appuyer sur ces pôles et ces filières d’excellence.
L’emploi, l’emploi, l’emploi, c’est aussi le triple objectif du Gouvernement de François Hollande et de Jean-Marc Ayrault. J’en veux pour preuve le budget 2013 présenté à la représentation nationale il y a quelques jours, budget de combat contre la crise qui vise à résorber les trois déficits que nous laissent 10 ans de mauvaise gestion par la droite : déficit de crédibilité budgétaire, déficit de croissance et d’emploi, déficit de compétitivité.
Création des emplois d’avenir, des contrats de génération, mise en place d’une vraie politique industrielle… Les 60 engagements pris par le Président de la République seront tenus. En particulier le premier d’entre eux : les PME seront soutenues dans leurs investissements par la Banque Publique d’investissement. En coordonnant les différents moyens de financement et en créant une masse critique de 42 milliards d’euros, la BPI, dans laquelle les régions auront un rôle majeur à jouer, sera un véritable levier pour les financements d’avenir. Elle contribuera à contrer l’assèchement et le renchérissement du crédit bancaire, car aujourd’hui les PME, les ETI, en particulier les plus innovantes, ont bien du mal à se financer auprès des établissements bancaires. La mise en place de ce nouvel outil est un message fort à destination de toutes les entreprises et de toutes celles et ceux qui contribuent, par leur travail, leur talent, leur mérite, à l’économie réelle.
Monsieur le Président, Chers collègues,
Notre séance est empreinte de gravité. En Haute-Normandie comme ailleurs, le chemin du redressement n’est pas bordé de roses. Il exige Vérité et Volonté. Sous l’impulsion d’Alain Le Vern et de Guillaume Bachelay, nous n’avons manqué ni de l’un, ni de l’autre. Les engagements pris en mars 2010 vis-à-vis des Haut-Normands ont été tenus ou sont en passe de l’être. Je nous invite à poursuivre dans cette voie, celle de la responsabilité, qui fait honneur à l’action publique.   Je vous remercie.




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