lundi 5 novembre 2012

Les Petroplus sur le front : tout faire pour une reprise de la raffinerie de Petit-Couronne



Article de Marc Braun publié sur http://www.paris-normandie.fr


Aujourd'hui, les 470 salariés de Petroplus se mobilisent une nouvelle fois pour tenter de sauvegarder leur raffinerie. Au programme, prises de paroles par équipe, et un grand rassemblement à partir de midi devant l'usine de Petit-Couronne, avec musique, barbecue géant, animations diverses. Au demeurant, quelques actions sur d'autres points de l'agglomération ne sont pas exclues. A découvrir le moment venu.
Ce lundi marque en effet la fin de la date des offres de candidatures pour une reprise, auprès de l'administrateur judiciaire (heure limite: 17 h). Rappelons toutefois que le tribunal de commerce de Rouen a prononcé le 16octobre dernier la liquidation de la raffinerie: une annonce en forme de douche froide pour les salariés qui croyaient alors aux chances d'au moins un candidat à la reprise.
En trouver d'autres, se battre pour la survie de leur entreprise, c'est le credo martelé par les salariés, emmenés par l'intersyndicale. «Nous sommes en contact avec des entreprises ou groupes intéressés, discutons avec eux. Net Oil, que nous soutenons, en fait partie… L'essentiel est d'en avoir un bon, au plan social et industriel, mais d'autres acteurs peuvent aussi s'associer», résume Yvon Scornet pour l'intersyndicale.
Après la rencontre qualifiée de «stérile» avec des dirigeants de Shell mardi midi à Colombes dans les Hauts-de-Seine (les anciens propriétaires de la raffinerie), l'intersyndicale Petroplus avait rendez-vous à Matignon dans la foulée. Autour de la table, outre les services du Premier ministre, des représentants des ministères du Redressement productif (Arnaud Montebourg), de l'Ecologie et du Développement durable (Delphine Batho), et de l'Elysée. «Nous attendons du gouvernement qu'il nous facilite les démarches, administratives notamment, pour appuyer une reprise, alléger pourquoi pas certaines dettes vis-à-vis de l'Etat», plaide l'intersyndicale par la voix d'Yvon Scornet.
Le détail des offres devrait être connu dans la soirée de ce lundi, ou demain matin. A charge ensuite pour le tribunal de commerce de Rouen de fixer une nouvelle audience pour examiner les offres, demander des compléments, finaliser les dossiers. «Qu'il prenne une semaine, quinze jours…, qu'il prenne le temps en tout cas!, assure Yvon Scornet. L'essentiel est bien de se retrouver avec une offre avérée, à examiner.»
A noter par ailleurs que ce lundi, un mouvement de grève est lancé dans toutes les raffineries de France à l'appel du syndicat CGT (relayé par la CFDT et la CGC en région). Enjeu: soutenir l'action des Petroplus et l'avenir du raffinage en France. «Pas vraiment le choix, glisse un salarié. C'est vrai qu'on peut juger cette approche un peu décalée, alors que nous avons un contrat avec Shell jusqu'à la mi-décembre. Mais tout le monde doit être sur le pont.»
Enfin passer à autre chose, à un autre avenir industriel, tous les salariés espèrent aujourd'hui qu'au moins une offre tiendra la route et finira par être acceptée. Dans le même temps, Petroplus Holdings AG, domiciliée dans le canton de Zoug en Suisse, a été mise en faillite dans la plus parfaite discrétion. Cette disparition n'a fait l'objet d'aucune communication. Petroplus était entrée en Bourse en décembre 2006, levant 2,6milliards d'euros. Mais dès l'année suivante, la société de raffinerie suisse plongeait définitivement dans le rouge.

Petit et Grand-Couronne solidaires
Les mairies de ces deux communes sont fermées aujourd'hui lundi, en guise de solidarité avec les salariés de la raffinerie Petroplus. Les commerçants qui le peuvent baisseront également leur rideau pour se rendre à midi sur le site industriel et participer à la journée de mobilisation. Tous connaissent quelqu'un travaillant à la raffinerie.
 
Se mobiliser, se remobiliser au fil des semaines
L'action des salariés n'est pas toujours facile à gérer physiquement et psychologiquement. «J'ai fait 30 ans de quarts. Ça finit par user, et c'est pour cela qu'avec Shell, on devait partir plus tôt en retraite, confie l'un d'eux. Et là, je me suis tapé un infarctus au bureau… Petroplus, c'est déjà une parenthèse, je veux passer à autre chose.»



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