lundi 5 novembre 2012

Petroplus : de nouveaux repreneurs potentiels, dont un fonds libyen

(Photo Charly Triballeau. AFP)



La raffinerie Petroplus de Petit-Couronne, près de Rouen, en liquidation judiciaire, pourrait bénéficier d'un nouveau sursis, alors qu'un fonds libyen et d'autres candidats dont les noms n'ont pas été révélés semblaient vouloir entrer en lice.
Les salariés attendent avec inquiétude un point du tribunal de commerce de Rouen mardi, alors que l'heure limite de dépôt des offres de reprise de leur entreprise avait été fixée à lundi 17H00.
Selon l'intersyndicale CGT-CFDT-CFE/CGC et la direction, le tribunal pourrait en réalité reporter la date limite de dépôt des offres afin de favoriser les possibilités de reprise du site, qui emploie 470 salariés.
"Outre les offres formulées par NetOil et Alafandi Petroleum Group (APG), trois nouvelles marques d'intérêt, dont celle du fonds souverain libyen, sont apparues", a assuré Yvon Scornet, porte-parole de l'intersyndicale, en se refusant à citer d'autres noms. De son côté, la direction a évoqué "plusieurs nouvelles manifestations d'intérêt".
De son côté, le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, a indiqué lundi matin avoir reçu une lettre du fonds souverain libyen lui indiquant vouloir "examiner" le dossier. Il a précisé que cette lettre était "non-engageante", c'est-à-dire qu'elle ne débouchera pas forcément sur une décision d'investir de la part des Libyens.
Cette annonce a été "une surprise" pour un responsable du secteur souhaitant conserver l'anonymat qui a toutefois jugé qu'elle pouvait avoir "une certaine consistance", sachant que la Libye a déjà investi par le passé dans le raffinage en Europe. Mais il a précisé qu'une telle reprise n'était "absolument pas nécessaire" à ce pays "pour écouler son brut en Europe".
Créé en 2006 par le régime de Mouammar Kadhafi pour investir les revenus pétroliers de Tripoli, le fonds souverain libyen LIA était, avant la révolution, le plus important au monde avec 64 milliards de dollars d'avoirs en 2010, selon l'ONG Global Witness. Il a été frappé de sanctions internationales en 2011.
Pour appuyer la reprise de l'entreprise, la Fédération nationale des industries chimiques (FNIC-CGT) avait appelé à une journée de grève nationale dans toutes les raffineries et les dépôts pétroliers. Cet appel suivi de manière "contrastée", selon la CGT, a entraîné quelques perturbations mais pas de rupture d'approvisionnement des stations-service.
Yvon Scornet a précisé que, sur le site de Petit-Couronne, les opérateurs grévistes ont été "réquisitionnés" par la direction et que les unités n'ont pas été arrêtées durant la grève.
"Solution de reprise"Dès 06H00 lundi, malgré une pluie battante, des salariés grévistes ont distribué des tracts aux automobilistes sur trois ronds-points qui desservent le port de Rouen, provoquant des embouteillages.
Localement, le mouvement a été soutenu par les partis de gauche et les syndicats qui ont appelé à une journée "ville morte" à Petit-Couronne et Grand-Couronne avec fermeture des magasins durant deux heures et rassemblement à midi devant la raffinerie.
Le tribunal de commerce a prononcé le 16 octobre la liquidation de l'entreprise qui emploie 470 salariés en rejetant les deux seules offres alors en lice, déposées respectivement par APG, basé à Hong Kong, et NetOil, dont le siège est à Dubaï. Ces candidats prévoyaient tous deux de conserver tous les salariés et d'investir lourdement sur le site mais le tribunal a estimé qu'ils ne présentaient pas de garanties suffisantes.
Cependant le tribunal avait aussi décidé d'accorder un nouveau délai - jusqu'à ce lundi - pour le dépôt de nouvelles offres. NetOil, qui a l'appui de l'intersyndicale, avait aussitôt annoncé qu'il reviendrait devant le tribunal avec de nouveaux éléments de nature à répondre à ses interrogations.
De son côté, le gouvernement avait fait savoir, depuis l'annonce de la liquidation, qu'il poursuivait ses efforts pour "faire aboutir une solution de reprise" tout en travaillant avec les acteurs de la filière au "repositionnement industriel" de cette raffinerie ouverte en 1929.
Pour trouver une solution, le tribunal dispose encore d'un peu de temps, la période d'observation ouverte le 24 janvier, après le dépôt de bilan de l'entreprise à la suite de la faillite de sa maison-mère suisse, ayant été prolongée jusqu'au 15 décembre.

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